Le risque électrique – par Theduck38
Bonjour à tous,
Je fais cet article pour informer et rappeler quelques règles de sécurité… dans mon boulot j’interviens souvent sur des installations électriques où la sécurité est primordiale.
Que ce soit au travail ou à la maison, les risques liés à électricité sont strictement les mêmes : au mieux une grosse frayeur, au pire la mort… sauf qu’à la maison, aucune règle professionnelle ne vous encadre pour vous éviter de faire des bêtises. Et vous pouvez être amené à travailler sur une installation où le précédent propriétaire a fait n’importe quoi.
Je vais articuler cette présentation sur trois thèmes : le risque électrique, comment s’en protéger, et des recommandations générales.
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Le risque électrique :
Le corps humain contient de l’eau et l’eau est un bon conducteur électrique. Du coup nous sommes un bon moyen pour l’électricité de rejoindre le sol.
Suivant le trajet emprunté par le flux électrique, les dégâts peuvent être variables : si le cœur se trouve sur le chemin, pas glop !
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Les effets directs
L’électricité a deux effets principaux sur le corps :
– Brûlures externes ou internes
– Tétanisation des muscles.
Je ne reviendrai pas sur les brûlures… tout le monde connait.
Quant à l’effet sur les muscles : il peut vous contracter les jambes au point de vous éjecter de votre escabeau sur lequel vous étiez monté pour bricoler, ou à l’inverse vous contracter l’avant-bras et vous empêcher de lâcher le fil qui vous électrise…
L’autre problème c’est le cœur… comme tout muscle il fonctionne avec des impulsions électriques. En cas d’électrisation il peut s’arrêter, se mettre à ‘convulser’ (fibrillation), ou alors ne rien avoir sur le coup et générer un problème plusieurs heures après.
En cas d’électrisation, il est impératif de consulter un médecin et d‘insister pour faire un électrocardiogramme. Même si vous ne sentez pas de symptômes.
La résistance du corps est telle que les tensions en dessous de 25V ne sont pas considérées comme dangereuses. En milieu sec, on peut monter jusqu’à 50V.
Pour développer un peu, le danger vient en fait de l’intensité qui traverse le corps… comme ce dernier a une résistance à peu près identique pour tout le monde, il suffit de faire U=RI (U : tension, R : résistance, I : intensité), et de déduire U du I dangereux. Cela donne 25V en milieu humide et 50V en milieu sec.
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Effets indirects : court-circuit.
C’est un autre danger de l’électricité… en gros ça se produit lorsque vous mettez en contact direct (ou avec un outil conducteur) les deux fils + et – en continu, ou une phase et un neutre en alternatif. Il y a très peu de résistance et le courant qui passe est très élevé… au point de faire fondre les fils ou l’outil. Ça génère beaucoup d’énergie et peut donc projeter du métal en fusion vers vous (notamment vos yeux…). Éventuellement, un court-circuit peut aussi mettre le feu…
Si vous voulez vous faire peur : voici un lien vers une petite vidéo qui montre ce qu’un court-circuit peut faire comme dégâts… https://www.youtube.com/watch?v=gHxaIqV1v8Q
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Se protéger :
Le moyen le plus simple c’est de supprimer le risque… donc de couper le courant à la source.
Pourquoi à la source ? Pourquoi pas simplement l’interrupteur du circuit d’éclairage sur lequel je travaille ? Pour les raisons suivantes :
- Vous n’êtes pas sûr que l’interrupteur coupe bien la phase… si on coupe le neutre, l’ampoule ne s’allume plus, mais la phase est présente au niveau de l’ampoule, jusqu’au retour côté neutre et à l’interrupteur. Du coup vous êtes en danger de mort, même en changeant l’ampoule. Demandez à Cloclo si vous ne me croyez pas.
Dans le câblage de droite, la lampe est éteinte mais la phase est présente à son niveau
- Autre scénario : travaillant sur une lampe vous coupez l’inter, il est miraculeusement bien câblé, donc la phase est coupée… pas de problème vous pouvez travailler en sécurité… puis madame entre dans la pièce et allume l’interrupteur, par habitude. Paf !
Mais supprimer le risque ne suffit pas ; il faut ensuite vérifier l’absence de danger. Pour ce faire, il vous faut un multimètre, ou un VAT (vérificateur d’absence de tension, un peu plus sécurisé qu’un multimètre -voir plus loin). Pourquoi ?
- Parce que vous avez pu vous tromper de disjoncteur en coupant le courant
- Parce que votre installation électrique peut être totalement fantaisiste et hors normes.
Concernant le dernier point, j’ai eu un cas bien « sympa » dans mon ancienne maison : une ampoule alimentée par un seul inter type va-et-vient. Sauf que du côté neutre sur l’ampoule, il arrivait une phase, et du côté de l’inter, il y avait une phase et un neutre. Inter côté phase = 2 phases à l’ampoule = éteinte. Inter côté neutre = ampoule allumée. J’ai coupé la lumière avec l’inter, vérifié entre les deux fils (phase + phase), et coupé les deux fils avec une pince. Heureusement pour moi qu’elle était isolée !
Tout ça pour en venir à la conclusion : vérifiez toujours chaque fil par rapport à une terre.
Ultimement, votre installation comporte des protections contre l’électrisation (disjoncteur différentiel) et contre les courts circuits (disjoncteur thermique). Ne leur faites pas confiance pour vous sauver la vie ! D’ailleurs, vous avez testé vos différentiels récemment ?
Un interrupteur différentiel : coupe le circuit qu’il protège en cas de ‘fuite’ de courant vers la terre.
Le bouton de test est entouré en rouge, mais il peut avoir diverses formes.
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Quelques autres recommandations en vrac :
- scotchez les inters / les disjoncteurs s’il y a possibilité que quelqu’un d’autre puisse remettre le courant. Vous pouvez même écrire un petit mot gentil sur le scotch, style « Chérie, si tu veux te débarrasser de moi, appuie ici ! ».
- utilisez toujours des outils isolés
- quand bien même vous avez coupé à la source et vérifié l’absence de tension, mettez un petit coup sur le fil avec le dos du doigt avant de le manipuler
- si possible, ne travaillez pas seul
- ne laissez jamais quelqu’un vous toucher lorsque vous travaillez
- attention aux néons qui comportent des circuits d’amorçage RF et qui -s’ils sont démontés sous tension- peuvent tirer des arcs sur vous à faible distance.
- ne faites jamais confiance aux couleurs des fils… testez les !
- n’utilisez pas les ‘tournevis testeurs’ avec une petite lumière dedans… ils laissent un faible courant traverser votre corps en interposant une résistance. Sauf que si vous mesurez du triphasé ou une tension plus importante… l’intensité qui vous traverse sera plus importante !
- ne réenclenchez jamais un disjoncteur sans vérifier la cause de la coupure (enfant avec les doigts dans une prise, début d’incendie …etc…)
- lorsqu’un disjoncteur saute (et que vous n’avez pas trouvé la cause), on admet un seul ré-enclenchement. S’il ressaute encore, vous devez trouver la panne avant de le réenclencher. Ceci notamment pour éviter les incendies si la cause est un court-circuit.
- attention aux prises de lampes à deux broches (sans terre). Elles sont symétriques et du coup l’interrupteur peut aussi bien couper la phase que le neutre suivant le sens de branchement…
- avec le multimètre bien choisir la mesure de tension alternative pour le 230V, et pas la mesure de continu. Sinon l’appareil vous renverra la valeur moyenne du 230V alternatif, soit 0 !
- vérifiez systématiquement le câblage de votre multimètre avant de faire une mesure de tension… s’il est connecté en ampèremètre, il va fumer !
- si vous tirez des fils de prise : section 2×2.5 mm² ; 2×1.5 pour éclairage
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Outillage :
- Il existe différents moyens de protection, principalement dans le cas où vous travaillez sur une installation comportant des fils sous tension à proximité :
- Tapis isolant
- Gants isolants
- Visière de protection
- Lunettes transparentes : c’est mieux de les mettre systématiquement quand on bricole… elles ne coûtent pas cher mais peuvent sauver vos yeux en cas de court-circuit, projection chimique, projection mécanique …etc…
Attention à bien choisir des classes de protection adaptées aux travaux électriques
- Côté testeur, l’idéal c’est le VAT… il est capable de détecter dans toutes les configurations, mais il n’a pas toutes les fonctionnalités d’un multimètre.
Des VAT… on en trouve à tous les prix, mais ils n’ont pas tous les mêmes fonctionnalités annexes (donner le côté de la phase, continuité, nécessité d’une pile …etc..). Le premier prix peut convenir… ou pas.
- Utilisez un multimètre protégé jusqu’à 600V. Si possible achetez un multimètre sans ampèremètre. Ça évite de le câbler par erreur en ampèremètre et de faire un court-circuit en mesurant une tension (cause très fréquente d’accident).
Sur le multimètre, on note les connecteurs pour une mesure de tension à droite, ceux pour une mesure d’intensité à gauche, la protection maximum suivant la catégorie de surtension (voir : http://www.testoon.com/fr/guide/categorie-securite-electrique-g-108.html).
On peut aussi noter le sélecteur sur mesure ‘Alternatif’ et la mesure en mode continu juste au-dessus.
Sur le schéma de droite, on voit qu’un multimètre positionné en mesure d’intensité doit avoir une faible résistance interne… d’où le fait qu’il générera un quasi-court-circuit si on l’utilise en voltmètre mais câblé en ampèremètre.
- Privilégiez les connecteurs rapides (appelés « Wago », mais c’est une marque) plutôt que les dominos pour vos connexions électriques.
- Serrez bien les vis des borniers.
- Attention aux pinces à dénuder qui entament (ou cisaillent partiellement) le fil de cuivre. Si sa section est réduite, il va chauffer plus.
Le fil a été détérioré par la pince à dénuder… donc sa section est réduite.
Enfin : nous avons tous des niveaux différents dans des domaines de compétences multiples… si vous avez le moindre doute ou interrogation concernant votre (futur) travail sur un système électrique, demandez sur un forum ou à un professionnel.
Merci d’avoir lu mon roman jusqu’au bout… j’espère sincèrement qu’il ne vous a rien appris. 🙂
Article proposé par Theduck38, et on le remercie tous vivement pour ses précieux conseils 😉